[…] Je sais que le simple fait de dévoiler mes projets est susceptible de m’en ôter définitivement le goût, c’est pourquoi je vous parais secrète, voire énigmatique. Je sais que les photos ne sont belles que parce qu’elles nous restituent une certaine idée du bonheur saisi à un instant où son épaisseur nous échappait totalement… Je sais le chemin qui mène au rire, mais je ne le montre pas à tout le monde… Je sais ce qui m’énerve ; tiens, au hasard, ton sourire dipautomatique. Je sais que je te déconcerte, mais si tu penses que c’est facile pour moi de rester calme quand je suis en proie à ces sautes d’humeur qui ont en commun avec le saut à l’élastique que je me demande à chaque fois si l’élastique se tendra à temps pour m’éviter de me casser la gueule sous tes yeux… Je sais que je cherche dans l’écriture un plaisir que je ne trouve nulle part ailleurs, qui est de l’ordre de la jouissance de pouvoir prendre, avec le cynisme mordant de la vie, une distance sanitaire que seuls les mots agencés d’une certaine manière autorisent. […]
Ma voix basse, Régine Vandamme.
Crédit photo : Laura Lombardi Jewelry